Le soleil de l'aube initiale, à Héliopolis (mythe égyptien)

 



Le soleil de l'aube initiale, à Héliopolis (mythe égyptien)

Atoum dit : " J'étais solitaire dans le Nouou et inerte. Je ne trouvais pas d'endroit où je puisse
 me tenir debout, je ne trouvais pas de lieu où je puisse m'asseoir. La ville d'Héliopolis, où 
(dans l'avenir) je devais résider n'était pas encore fondée, le trône sur lequel je devais 
m'asseoir n'était pas encore formé, je n'avais pas encore créé Nout au-dessus de moi
. La première corporation (de dieux) n'avait pas encore été mise au monde, l'Ennéade des
 dieux primordiaux n'existait pas, ils étaient encore avec moi ". Atoum dit alors à Nouou : 
" Je flottais, absolument inerte, les pât étaient sans mouvement. C'est mon fils, Vie, qui m'a 
rendu conscient et qui a fait vivre mon cœur, après qu'il eut réuni mes membres jusqu'alors
 immobiles ". Nouou dit à Atoum : " Respire ta fille Maât (la Vérité de la Justice), élève-la
 jusqu'à ton nez afin que ton cœur vive. Que ta fille Maât et ton fils Shou dont le nom est aussi
Vie, ne s'écartent pas de toi ".

" Je suis Nouou, l'Unique, le Sans-pareil… J'ai amené mon corps à l'existence grâce à mon 
pouvoir magique. Je me suis créé moi-même ; je me suis 
constitué ainsi que je le souhaitais, selon mon désir ".

… le Nouou qui porte Atoum, et dont l'étendue est celle du ciel et la largeur celle de la terre.

" Je suis l'Eternel, je suis Rê qui est sorti du Nouou… Je suis le maître de la lumière ".

Le ciel est gros de Rê ; quand Nout va le mettre au monde. Les mains s'élèvent, une suite 
l'entoure… le seigneur de l'horizon, Rê, l'éternel. Il s'élève 
hors du Nouou, la Lumineuse l'entoure. Son Ennéade se brûle autour de lui, sa puissance
 effraie les divinités qui sont venues à l'existence après lui. Ses 
millions de ka sont dans sa bouche, car il est la magie, celui qui est né de lui-même ; quand
 ils le voient, les dieux sont en liesse, ils vivent de sa sueur
 parfumée ; il est celui qui a créé les montagnes et formé le ciel.

" Atoum t'a craché de sa bouche, en ce tien nom de Shou. "
" Atoum… tu as craché Shou et tu as expectoré Tefnout. "
" Ton crachat et ta salive, c'est-à-dire Shou et Tefnout. "

Atoum, une fois parvenu à l'existence, se livra à la masturbation en Heliopolis. Il plaça son 
phallus dans son poing et, ainsi, se créa du plaisir. Alors 
naquirent deux jumeaux : Shou en même temps que Tefnout.

Atoum dit : " Tefnout, Celle qui est la vie, est ma fille ; elle est avec son frère Shou, appelé 
aussi Celui qui est la vie ; Maât est également son nom à elle.
 Je vis avec mes deux enfants, je vis avec mes deux oisillons ; je suis au milieu d'eux, l'un 
étant derrière moi, l'autre devant moi. Je me suis dressé au-dessus
 d'eux, tandis que leurs bras m'entouraient ".

Shou est le temps éternel et Tefnout le temps infini.

Ô la grande Neuvaine qui réside en Héliopolis ; Atoum, Shou et Tefnout, Geb et Nout,
 Osiris et Isis, Seth et Nephtys, qu'Atoum a mis au monde, tandis 
que son cœur se réjouit à cause de ses enfants.

Paroles dites par… le Maître de l'univers… : " J'ai fait quatre bonnes actions dans la porte de
 l'horizon. J'ai créé les quatre vents, afin que chacun puisse 
respirer à l'endroit où il se trouve ; c'est l'une des actions. J'ai créé le grand Flot (l'inondation),
 afin que le petit comme le grand soit prospère ; ce fut une
 autre des actions. J'ai créé chaque homme semblable à son voisin, je n'ai pas permis qu'ils
 commettent le mal, mais leur cœur a transgressé ce que j'avais 
dit ; ce fut une autre des actions. J'ai créé chaque homme semblable à son voisin, et je n'ai
 pas permis qu'ils commettent le mal, mais leur cœur a transgressé ce que j'avais dit ; ce fut
 une autre des actions. J'ai fait aussi que leurs cœurs ne pensent pas à l'Occident, et qu'ils 
assurent les offrandes divines aux dieux des nomes ; ce fut une autre des actions. J'ai créé
 les dieux de ma sueur et les hommes des larmes de mes yeux ".

Geb et Nout, leur cœur est heureux ; le nom nouveau, vigoureux comme les plantes est repéré
 : Ounennefer ! Rê est sa radiance, et durable sera ce qu'on 
lui dit : " Tu es l'inondation, le plus grand des dieux, qui déploie ce que l'on goûte, doux au
 cœur ". Inexistant est ce qu'il ignore ; il est celui dont la 
puissance est redoutable, le coureur de l'Ennéade, celui dont on honore le ba, plus avisé que 
les dieux du Sud et du Nord.

Le Maître de l'Univers dit : " Lorsque je vins à l'existence, alors l'existence se manifesta. 
Je vins à l'existence sous la forme de Khepri, venu ainsi à
 l'existence pour la Première Fois. Je vins donc à l'existence sous la forme de Khepri, 
et j'existai donc. C'est ainsi que l'existence se manifesta, car
 j'étais antérieur aux dieux antérieurs, dont j'assumais la création. J'étais antérieur aux dieux
 antérieurs, mon nom était antérieur au leur. Je fis 
l'antériorité et les dieux antérieurs. Je fis tout ce que je souhaitais faire sur cette terre et me
 dilatai en elle. Je nouai ma main, moi le solitaire, avant 
qu'ils ne fussent nés, car je n'avais pas encore craché Shou, ni expectoré Tefnout ; j'entraînai
 ma propre bouche, et Magie étant mon nom, je fus
 Celui-qui-expectore. Je vins à l'existence en ma forme, je vins à l'existence en ma forme de
 Khepri. Je vins à l'existence dans l'Antériorité ;
 puis vinrent à l'existence une multitude de formes dans le Premier Temps, dont aucune ne 
s'était encore manifestée sur cette terre. 
J'accomplis toute mon oeuvre étant solitaire, sans qu'aucun autre existât qui puisse agir avec
 moi en ce lieu. Je créai les formes grâce à cette force 
suprême qui est en moi ; j'assemblai les choses étant dans le Nouou, tel un être somnolant 
encore, car je n'avais pas trouvé le lieu où me tenir. 
Puis l'efficacité naquit en mon cœur, et le plan de la création s'offrit à mes regards. J'accomplis
 donc toute mon œuvre étant solitaire ?
 Je fis un plan en mon cœur, créai alors d'autres formes, et les formes que je fis se manifester 
furent innombrables ; leurs enfants vinrent ensuite à
 l'existence en leurs formes d'enfants. C'est moi qui crachai Shou et qui expectorai Tefnout ; 
j'étais venu à l'existence, dieu solitaire, et maintenant trois 
dieux m'appartenaient, après que les deux divinités jumelles furent venues à l'existence sur
 cette terre. Shou et Tefnout animaient joyeusement le Nouou, 
dans lequel ils étaient encore… Je m'étais en effet uni à mon propre corps, de sorte qu'ils 
sortirent de moi après que j'eus produit l'excitation avec mon 
poing fermé, mon désir provenant de ma main et la semence tombant de ma bouche ; c'est
 ainsi que je crachai Shou et que j'expectorai Tefnout. Ainsi
 donc j'étais venu à l'existence, dieu solitaire, et maintenant trois dieux m'appartenaient, après 
que les deux divinités jumelles furent venues à l'existence 
en cette terre ; et c'est ainsi que Shou et Tefnout animaient joyeusement le Nouou. Ce fut mon
 père, le somnolent, qui les ( ?) ; ce fut mon œil qui les 
poursuivit et les ramena après un temps infini où ils furent loin de moi…. Je pleurai des larmes
 sur eux, et mon œil ayant ainsi pleuré, les hommes vinrent
 à l'existence… Ensuite Shou et Tefnout mirent au monde Geb et Nout ; ceux-ci, de leurs corps,
 mirent au monde Osiris, Horus-Mekhenty-irty, Seth, 
Isis et Nephtys ; ceux-ci à leur tour mirent au monde et façonnèrent une multitude de formes 
en cette terre, à savoir leurs enfants et petits-enfants… ".
(Textes sacrés et textes profanes de l'ancienne Egypte II, traductions et commentaires par
 Claire Lalouette, Connaissance de l'Orient, Gallimard)

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